Mildiou de la vigne : comprendre, prévenir et traiter efficacement
Le mildiou connaît une année exceptionnelle en 2024. La vigne a été frappée par des contaminations précoces dès la fin mars, en raison d’une phénologie précoce et d’un climat doux et humide. Cette précocité d’infestation est un phénomène inédit en France. Les conditions météorologiques des mois d’avril et de mai, marquées par de fortes précipitations, ont exacerbé la situation, rendant la gestion de la maladie particulièrement difficile. Alors que certaines régions commencent à bénéficier d’une météo plus clémente, permettant une meilleure maîtrise de cette maladie, l’importance de la vigilance et de l’application efficace des traitements reste cruciale pour limiter les dégâts.
Le Mildiou, un impact significatif sur la plante et les rendements
Le mildiou, causé par le pathogène Plasmopara viticola, s’attaque à diverses parties de la vigne ; les feuilles, les grappes et les baies. Cette maladie a plusieurs effets négatifs :
Elle réduit la surface foliaire utile à la photosynthèse, les feuilles touchées présentant des tâches jaunes huileuses sur leur face supérieure et des moisissures blanches sur leur face inférieure.Elle détériore les baies, qui deviennent brunes et écrasées, affectant la qualité et le rendement de la récolte.
Elle affaiblit les sarments, entraînant la formation de rameaux de petite taille et un mauvais aoûtement des bois, rendant la taille hivernale plus difficile. Ces effets combinés diminuent les réserves de la vigne, compromettent le remplissage des raisins et rendent les plants plus vulnérables.
Quelles sont les conditions propices aux risques ?
Le développement du mildiou est favorisé par des conditions climatiques spécifiques :
Les températures idéales pour la propagation de la maladie se situent entre 20 et 25°C avec un taux d’humidité de 85 % ou plus.
Les pluies prolongées, les rosées abondantes et les brouillards matinaux exacerbent le risque de contamination.
Les périodes de forte croissance de la vigne, lorsque les nouvelles pousses sont les plus vulnérables, sont particulièrement critiques. De plus, certains cépages, comme le Cabernet Franc, le Cabernet Sauvignon, le Chardonnay et le Merlot, sont particulièrement sensibles au mildiou.
Des méthodes adaptées de traitement et de prévention
L’utilisation de fongicides à base de cuivre et de produits systémiques spécifiques est courante pour combattre le mildiou. Il est essentiel d’alterner les types de fongicides afin de prévenir le développement de résistances chez le pathogène. De plus, combiner des substances ayant des modes d’action différents et créer une hétérogénéité spatiale en appliquant ces différents modes d’action sur diverses parcelles permet de protéger les plantes tout en limitant l’apparition de résistances.
Différentes techniques culturales peuvent prévenir le mildiou, notamment la taille qui améliore la circulation de l’air autour des plants, l’élimination des débris infectés pour réduire les sources de contamination, et un drainage efficace pour éviter la formation de flaques d’eau. La taille en vert permet d’éliminer les pousses inutiles et de favoriser une meilleure ventilation, tandis que le maintien d’un couvert végétal protège le sol et réduit les éclaboussures d’eau ou terre contaminée. Le palissage et l’effeuillage améliorent également l’aération des baies. Enfin, maîtriser la vigueur des plantes en limitant la fertilisation évite une croissance excessive propice au mildiou.
Protéger efficacement les vignes
Pour améliorer l’efficacité de la protection contre le mildiou, il est essentiel de suivre des prévisions météorologiques fiables pour planifier les traitements, d’assurer un bon drainage pour éviter la stagnation d’eau autour des plantes, et de maintenir une couverture phytosanitaire sans intervalles trop longs entre les traitements, particulièrement lors des années de forte pression. Il est également important de vérifier régulièrement la fonctionnalité et l’efficacité des pulvérisateurs, et d’utiliser des systèmes d’aide aux décisions comme Vintel pour recevoir des alertes sur les pressions du mildiou et d’autres maladies.
Une gestion proactive et bien informée est essentielle pour lutter efficacement contre le mildiou. En combinant différentes stratégies, les viticulteurs peuvent protéger leurs vignes et assurer la qualité de leur récolte malgré les défis posés par les conditions climatiques de 2024.