Enherbement : 10 choses à savoir
Qu’est-ce que l’enherbement ? Quels en sont les avantages ? Les inconvénients ? Quelles espèces choisir ? Quels éléments prendre en compte pour le gérer ?… L’enherbement est un sujet complexe qui suscite de nombreuses questions, si bien qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Voici 10 choses à savoir sur l’enherbement de la vigne !
1. L‘enherbement désigne la culture d’un tapis végétal
L’enherbement consiste à cultiver un tapis végétal au pied d’une culture verticale (vigne, verger, houblonnière…). Ce couvert végétal peut être naturel ou semé, temporaire ou permanent, implanté tous les rangs ou non. Il constitue une alternative au désherbage chimique et au travail du sol.
Cette technique n’est pas nouvelle puisqu’il y a 2000 ans, les Romains la pratiquaient déjà.
En effet, jusqu’aux années 1930, ce mode d’entretien des sols viticoles était considéré comme une bonne pratique viticole, ayant des effets positifs sur le sol du vignoble.
Plus tard, le développement des engrais minéraux, la mécanisation, et une accrue conscience de la concurrence nutritive et hydrique entre « l’herbe » et la vigne ont fait régresser l’enherbement. Depuis les années 70, le désherbage chimique a été adopté par la grande majorité des vignobles en France.
2. L’enherbement concerne 52% de la surface du vignoble national
Le dernier rapport de l’Agreste (Graph’agri 2021) rappelle qu’en 2016, 52% de la surface du vignoble national pratiquait l’enherbement sur l’inter-rang, partiel ou total. Selon les bassins viticoles, cet enherbement pouvait être très hétérogène, de 24% en Bourgogne à 99% en Dordogne.
De plus, les vignobles méditerranéens ne pratiquent que peu l’enherbement. La raison ? Les viticulteurs craignent une concurrence trop importante pour la vigne, notamment en matière de stress hydrique.
3. L’enherbement favorise la vie biologique du sol
L’enherbement représente une source importante de matière organique qui favorise la vie biologique du sol. Il crée un biotope propice à la formation d’humus et au développement de la faune et de la flore.
4. L’enherbement protège les sols de l’érosion et limite le transfert de pesticides
L’enherbement prévient l’érosion des sols en agissant comme une couverture protectrice. Les racines des plantes enherbées maintiennent les particules de sol en place, empêchant ainsi leur érosion par l’eau et le vent. La végétation en surface crée une barrière physique qui atténue l’impact direct des gouttes de pluie, réduisant ainsi le risque de formation de ravines et de pertes de sol. En conséquence, l’enherbement contribue à maintenir l’intégrité des sols du vignoble préservant leur fertilité et leur capacité à soutenir la croissance.
De plus, l’enherbement agit comme une barrière naturelle contre le transfert de pesticides. La végétation capture une partie des pesticides qui pourraient autrement être lessivés par les précipitations ou les arrosages, limitant ainsi leur impact sur les eaux souterraines et les cours d’eau. En favorisant également une biodiversité microbienne dans le sol, les plantes enherbées contribuent à la décomposition naturelle des résidus de pesticides.
5. L’enherbement crée une concurrence
L’enherbement crée une concurrence hydro-azotée entre le couvert végétal et la vigne. Fortement influencée par le climat – notamment par l’ensoleillement et la pluviométrie –, cette concurrence doit être maîtrisée et adaptée aux objectifs visés. Si elle est trop forte, la vigne subira un stress hydrique trop important et ne disposera pas de la quantité d’azote appropriée.
La concurrence engendrée par l’enherbement s’exerce au moment de la croissance végétative de la vigne et lors de la maturation des baies. Ainsi, elle débute à partir du débourrement et s’accentue à la floraison. En période de repos végétatif (en automne et en hiver), il n’y a pas de concurrence entre la surface enherbée et la vigne.
Si la concurrence hydro-azotée est trop importante, elle peut représenter un risque pour la vigne. Aussi, pour maîtriser la concurrence, il est possible d’ajuster la largeur de l’enherbement ou d’irriguer. Attention toutefois : pour être efficaces, ces pratiques doivent être entreprises au bon moment.
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6. L’enherbement est déconseillé pour les jeunes vignes
En raison de cette concurrence hydro-azotée, l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) déconseille d’enherber les jeunes vignes de moins de 3 ans. Les plans ne sont en effet pas assez développés pour puiser l’eau et les éléments nutritifs suffisamment profondément.
A l’exception des parcelles particulièrement vigoureuses, l’enherbement ne doit pas être envisagé avant la 4e ou la 5e année. Des bandes enherbées peuvent néanmoins être plantées autour de la parcelle afin de limiter l’érosion.
7. L’enherbement permet de maîtriser la vigueur de la vigne
L’enherbement peut être utilisé pour limiter les problèmes liés à une vigueur excessive de la plante. La concurrence hydro-azotée se traduit en effet par une réduction de la vigueur de la vigne et des rendements. Ainsi, en pilotant son enherbement, le viticulteur gagne en maîtrise, ce qui lui permet d’améliorer la qualité de ses vins.
8. L’enherbement peut contribuer à améliorer la qualité des vins
L’enherbement peut jouer un rôle bénéfique dans l’amélioration de la qualité des moûts en influençant à la fois la vigueur des vignes et la vie microbienne du sol.
La compétition entre le couvert végétal et la vigne peut conduire à une réduction de la vigueur, ce qui se traduit par des moûts moins acides et avec un potentiel alcoolique plus élevé. Pour les raisins rouges, cette amélioration potentielle de la qualité se traduit également par une augmentation de la concentration en composés phénoliques.
De plus, la recherche scientifique a établi des liens entre l’activité microbienne du sol et les processus de fermentation, entraînant ainsi des variations dans le goût, l’arôme et la composition chimique des vins produits. Ainsi, en favorisant le microbiote du sol, l’enherbement pourrait également influencer positivement la qualité des vins.
9. L’enherbement a des effets très différents d’une espèce à l’autre
Selon le type d’herbe plantée, l’enherbement aura des effets très différents sur la vigne. Aussi, le choix des espèces doit être minutieux : le viticulteur doit prendre en compte les objectifs de l’enherbement – concurrence, structure du sol, maîtrise de la vigueur, qualité des baies… Le critère le plus important pour définir l’espèce ou les espèces d’herbes à planter est la concurrence souhaitée ou acceptable par parcelle. Les autres éléments permettent ensuite d’affiner le choix de l’espèce.
Aussi, les espèces les moins concurrentielles pour la vigne sont les légumineuses et les graminées. Leur cycle se termine en effet au mois de mai : elles disparaissent donc pendant la saison estivale ce qui évite toute concurrence hydrique lors des plus fortes chaleurs.
A ne pas négliger : l’enherbement spontané. Il s’agit en effet souvent de l’option la plus simple (et la moins coûteuse). Les espèces présentes sur les parcelles sont, par nature, adaptées au climat et à la structure du sol. Par ailleurs, il est plus facile de détruire une bande d’enherbement spontané, ce qui représente un avantage non négligeable dans la gestion de la concurrence.
10. L’enherbement peut être piloté grâce à des outils
Certains viticulteurs se privent des bénéfices de l’enherbement pour éviter toute concurrence hydrique, alors même que cette concurrence pourrait être soutenable pour la vigne. En outre, il est aujourd’hui possible de piloter l’enherbement grâce à la connaissance du statut hydrique des parcelles.
Soucieux de faciliter le pilotage du statut hydro-azoté des végétaux, ITK a développé une solution digitale intelligente : Vintel. L’OAD Vintel® permet de piloter en temps réel l’irrigation et la fertilisation azotée selon les besoins en eau et en azote de la vigne. La solution fournit aux viticulteurs une connaissance précise du statut hydrique et azoté des parcelles, pour une meilleure gestion du vignoble… et de l’enherbement, le cas échéant !
De plus, pour les régions irrigables, Vintel fournit des recommandations d’irrigation adaptées à chaque parcelle et profil de vin, à partir de modèles agro-environnementaux et d’intelligence artificielle. A la clé : optimisation du rendement, suivi du profil organoleptique, amélioration de la sélection parcellaire, économies d’eau…